Pommes et oranges

Pour bien voir, fais taire en toi toute passion.

Repousse la douleur, l’abîme mélancolique.

Rappelle-toi ceci :

Le monde n’est rien de plus

Qu’un subtil agencement

De lignes et de volumes.

Devant toi, tu disposes

Les fruits sur la table :

Couleurs éclatantes,

Écorces, formes pures.

Tu restes là longtemps,

Réceptif à la vie silencieuse de la maison.

Le jour, au creux de ta rétine,

Est sans replis, abondant. Cueille-le

Avant que ne bascule la lumière

Et que ce tableau ne s’efface,

Ruiné par la rage et l’impuissance.

Référence bibliographique

Louis-Jean Thibault, « Pommes et oranges », Le cœur prend lentement mesure du soleil, Montréal, Éditions du Noroît, 2017, p. 21. 

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